La santé mentale, comme la santé physique, est une composante essentielle de la santé. Pourtant, les troubles mentaux toucheraient 1 individu sur 5, soit 13 millions de personnes en France. Ces maladies complexes et multifactorielles qui se manifestent essentiellement entre 15 et 25 ans peuvent perdurer à l’âge adulte. Elles altèrent généralement les relations interpersonnelles dans la sphère familiale, sociale ou professionnelle et ont un impact significatif sur la qualité de vie.
Maladies et troubles mentaux : définition
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit la santé mentale comme « un état de bien-être mental qui nous permet d’affronter les sources de stress de la vie, de réaliser notre potentiel, de bien apprendre et de bien travailler, et de contribuer à la vie de la communauté. » On parle ainsi de trouble mental lorsque cet état de bien-être est perturbé et ne permet plus à la personne affectée de réagir de manière appropriée aux diverses situations de la vie et de maintenir son équilibre psychique.
Les maladies mentales ou troubles mentaux regroupent des conditions d’origines variées caractérisées par une altération de la pensée, de la régulation de l’humeur et du comportement d’une personne. Ils s’accompagnent généralement d’un sentiment de détresse ou de déficiences fonctionnelles dans des domaines importants au quotidien.
Les maladies les plus fréquentes
Selon l’OMS, les troubles anxieux et dépressifs seraient les plus courants et auraient respectivement augmenté de 26 % et 28 % du fait de la pandémie de COVID-19. D’autres maladies psychiques comme les troubles bipolaires et alimentaires (anorexie, boulimie), les addictions ou la schizophrénie, sont également fréquentes.
Les causes et facteurs de risque
Tout au long de notre vie, notre santé mentale est façonnée par une combinaison de facteurs biologiques, génétiques, environnementaux et sociaux qui peuvent aussi bien la renforcer que la fragiliser. La prédisposition génétique, les déséquilibres chimiques dans le cerveau, les évènements traumatisants ou stressants sont donc autant de facteurs de risque associés à ces maladies. Si une majorité de personnes est résiliente, d’autres, notamment celles exposées à des conditions difficiles, sont plus vulnérables aux maladies mentales.
Comment diagnostiquer une maladie mentale ?
Les degrés de difficulté, de souffrance et les manifestations sociales et cliniques sont très variables d’un individu à l’autre. Cependant, lorsqu’ils durent, des symptômes émotionnels, comportementaux, cognitifs, physiques ou encore sensoriels peuvent alerter. Le diagnostic, posé par un professionnel de santé (psychiatre, psychologue, etc.), repose généralement sur une évaluation clinique de l’ensemble des signes et symptômes.
Liste des principales maladies mentales
Les maladies psychiques regroupent une grande variété de troubles anxieux, dépressifs, neurodéveloppementaux ou de la personnalité, notamment. Parmi les principales, on peut citer la dépression chronique et les troubles bipolaires, obsessionnels compulsifs, alimentaires ou neurodéveloppementaux. Mais elles comprennent des affections moins répandues comme l’agoraphobie, le syndrome de glissement de la personne âgée, les troubles involontaires compulsifs (TIC) ou encore le syndrome de Gilles de la Tourette.
Les troubles post-traumatiques
Face à un évènement traumatisant, une situation dangereuse pour sa vie ou celle d’autrui par exemple, une personne va éprouver une peur intense. Son organisme sécrète alors une hormone, l’adrénaline, qui permet au corps de réagir rapidement et d’assurer sa survie. Cette réaction de l’organisme est normale et disparait quelques heures après l’évènement.
Mais il arrive que la personne continue à vivre l’évènement traumatisant avec la même intensité. C’est l’état de stress post-traumatique (ESPT). Cet état anxieux se caractérise par une reviviscence répétitive des évènements (flash-backs, cauchemars, intrusion involontaire et envahissante d’images ou de pensées liées à l’évènement), un évitement des situations rappelant le traumatisme (discussions, activités, lieu, situations, etc.), une perception déformée de la réalité (perception accrue de la menace). Ces troubles qui disparaissent généralement dans les 3 mois deviennent chroniques dans 20 % des cas, selon l’INSERM.
La schizophrénie
La schizophrénie est une maladie mentale chronique caractérisée par un ensemble de symptômes qui peuvent se manifester de façon chronique ou épisodique. Ces symptômes, très variables d’une personne à l’autre, englobent une perception perturbée de la réalité (paranoïa, mégalomanie, idées délirantes, hallucinations sensorielles, auditives, visuelles, etc.), des troubles cognitifs (désorganisation de la pensée, des paroles, des émotions et du comportement) et des difficultés dans le fonctionnement social (appauvrissement affectif et émotionnel, isolement progressif). La maladie se révèle généralement au cours de l’adolescence et toucherait 600 000 personnes en France.
Les troubles bipolaires
Les personnes atteintes de trouble bipolaire vivent leurs émotions avec une intensité disproportionnée et peuvent avoir du mal à les maîtriser. Cette maladie psychique chronique, également appelée bipolarité, maniaco-dépression ou psychose maniaco-dépressive (terme ancien) se manifeste par une alternance de deux phases distinctes (bipolarité), des périodes d’agitation psychomotrice et de l’humeur extrême (euphorie, irritabilité, hyperactivité, énergie débordante, etc.) et des phases dépressives. Entre ces « épisodes » interviennent des périodes de rémission durant laquelle l’humeur est plus stable. La maladie se manifeste généralement entre 15 et 25 ans et touche, en France, 1 % de la population.
La dépression
La dépression est un trouble de l’humeur qui se manifeste essentiellement par une perte d’intérêt et de plaisir pour des activités habituellement agréables, un manque d’énergie et une grande fatigue. Si ces symptômes peuvent apparaître chez tout le monde, chez la personne atteinte de dépression, ils s’installent au quotidien et durent des semaines, des mois, voire des années. Des symptômes dits « secondaires » peuvent également apparaître : perte de confiance en soi ou d’estime de soi, sentiment de culpabilité injustifiée, pensées morbides ou idées suicidaires, difficultés à se concentrer et à réfléchir, sommeil et appétit perturbés. Selon l’INSERM, 1 personne sur 5 a souffert ou souffrira d’une dépression au cours de sa vie.
Les troubles obsessionnels compulsifs
Le trouble obsessionnel compulsif (TOC) fait également partie des maladies psychiques. Il se caractérise par des obsessions associées à des compulsions. Les obsessions prennent la forme d’irruptions de pensées, d’idées ou d’images qui apparaissent de manière involontaire, récurrente et persistante et génèrent une grande anxiété. Pour prévenir ou réduire cette anxiété, la personne concernée effectue alors des gestes (rituels de rangement, de lavage, de vérification) ou actes mentaux (compter, répéter des mots) répétitifs, incontrôlables et irraisonnés, les compulsions. La maladie apparaît avant l’âge de 25 ans dans 65 % des cas et touche 2 à 3 % de la population.
Les troubles du comportement alimentaire
Les troubles des conduites ou du comportement alimentaire (TCA) se caractérisent par un comportement alimentaire inhabituel et durable. On en distingue trois formes :
- L’anorexie : la personne souffrant d’anorexie mentale est obsédée par l’idée de prendre du poids et s’impose une conduite de restriction alimentaire sévère (contrôle des calories). Elle a généralement une vision déformée de son corps (dysmorphophobie) qui la conduit à se voir en surpoids. Elle peut être associée à des crises boulimiques (frénésie alimentaire).
- La boulimie : dans le cas de la boulimie, la personne absorbe de manière compulsive et incontrôlée de grandes quantités de nourriture dans un temps restreint. La culpabilité qu’elle ressent ensuite la conduit à adopter un comportement compensatoire de purge (vomissements provoqués, recours à des traitements laxatifs, jeûne, exercice physique excessif, etc.).
- On parle d’hyperphagie boulimique lorsqu’il n’existe pas de phases compensatoires. Ce trouble occasionne un surpoids, voire une obésité et peut générer de grandes souffrances psychiques.
Les troubles neurodéveloppementaux
Les maladies neurodéveloppementales regroupent de nombreuses affections qui se caractérisent par un défaut de développement d’une ou plusieurs compétences cognitives nécessaires au développement psychomoteur et affectif de l’enfant. Il s’agit des troubles spécifiques des apprentissages, du développement intellectuel et du spectre de l’autisme :
- Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) se traduit par des niveaux élevés d’inattention, d’agitation et d’impulsivité ayant un impact direct sur le fonctionnement en milieu scolaire, professionnel ou social.
- Le trouble du langage oral, TLO ou dysphasie, concerne aussi bien l’expression (phonologie avec difficultés de prononciation, paroles indistinctes, mots déformés, vocabulaire ou syntaxe) que la compréhension (vocabulaire, syntaxe).
- La dyslexie qui se caractérise par un déficit en lecture, la dysorthographie (déficit de l’expression écrite) et la dyscalculie (déficit du calcul).
- Le trouble du développement de la coordination (TDC ou dyspraxie) se manifeste essentiellement par une difficulté à effectuer certains gestes et activités volontaires.
- Les troubles du développement intellectuel (TDI) se manifestent par des difficultés à acquérir les aptitudes théoriques, sociales et pratiques nécessaires à la vie quotidienne.
- Les troubles du spectre de l’autisme (TSA) regroupent un ensemble d’affections caractérisées par un certain degré d’altération dans la capacité à établir des interactions sociales et à communiquer, ainsi que par des comportements, intérêts ou activités limités, répétitifs et rigides (réticence au changement, par exemple).
Le trouble de la personnalité limite
Le trouble de la personnalité limite (TPL) ou trouble borderline se caractérise par une hyperémotivité et une hypersensibilité. La personne atteinte éprouve une grande difficulté à contenir ses émotions ou à maîtriser ses impulsions. Les principaux symptômes sont la dérégulation des émotions qui peuvent basculer d’un extrême à l’autre, une sensation de vide intérieur profond et douloureux, une image et une perception de soi incertaine et changeante, des accès de colère très intenses, des relations aux autres instables, intenses et fusionnelles, une crainte du rejet et de l’abandon ou une grande impulsivité.
La prise en charge des troubles mentaux
La prise en charge de ces différentes affections repose sur une approche multidisciplinaire pouvant combiner la prescription de médicaments, une thérapie (orthophonie, thérapie cognitivo-comportementale, psychanalyse, etc.), un soutien social, parfois une hospitalisation. L’objectif est de soulager les symptômes, d’améliorer la qualité de vie au quotidien et de favoriser le rétablissement à long terme.
Comment vivre avec une maladie mentale ?
Vivre avec une maladie psychique peut être un défi, mais avec le soutien approprié et une gestion active, il est possible de mener une vie épanouie. Cela peut impliquer la mise en place de stratégies de gestion des pensées négatives, du stress ou du comportement, un soutien des proches et des professionnels de santé, notamment.