Les cancers sont la première cause de mortalité prématurée en France devant les maladies cardiovasculaires.
Cependant, si le nombre de nouveau cas augmente chaque année depuis 30 ans, en raison de la croissance et du vieillissement de la population et de l’augmentation des facteurs de risques, l’amélioration des traitements et des méthodes diagnostiques contribue largement à améliorer le taux de guérison chez les personnes malades.
La prévention, notamment en réduisant votre exposition à certains facteurs de risques qu’il est possible d’éviter, joue également un rôle essentiel dans la lutte contre ces maladies multiples et évolutives.
Qu’est-ce qu’un cancer ?
Le cancer est un terme générique qui désigne un large éventail de maladies* résultant d’un dysfonctionnement de certaines cellules de l’organisme et de leur développement inhabituel.
En principe, les gènes, présents dans le noyau de chaque cellule, leur indiquent quand se développer, se diviser, ou mourir. Mais sous l’effet du temps, d’agressions extérieures ou encore de prédispositions génétiques, la séquence d’ADN peut être endommagée. Les gènes subissent une mutation qui nuit à ces instructions. Les cellules se développent et prolifèrent alors de manière anarchique et excessive.
Elles peuvent atteindre les cellules du sang, diffusent dans l’organisme, ou entraîner la croissance incontrôlée et anormale d’une masse que l’on appelle tumeur, bénigne (non cancéreuse) ou maligne (cancéreuse). Ces tumeurs malignes « solides » (carcinomes et sarcomes) sont d’abord locales, mais s’étendent aux tissus voisins lorsqu’elles grossissent et ne sont pas traitées. On parle de cancer invasif. Des cellules cancéreuses peuvent alors se détacher et migrer vers d’autres organes par voie sanguine ou lymphatique (métastases).
Le cancer en chiffres
Selon l’Institut national du Cancer(INCa), ce sont 433 136 nouveaux cas de cancer qui ont été détectés en 2023 en France métropolitaine, soit près de 1 200 cas par jour : 245 610 chez l’homme (57 %) et 187 526 chez la femme (43 %).
Les cancers sont la 1e cause de décès chez l’homme, la 2e chez la femme et concerneraient 3,8 millions de personnes en France. Toutefois, entre 2010 et2018, la mortalité par cancer à diminué de 2 % chez les hommes et de 0,7 % chez les femmes.
Les principales causes du cancer
Différents facteurs, liés à nos modes de vie, notre environnement ou notre patrimoine génétique, peuvent entraîner la mutation des gènes et perturber le comportement des cellules. Les cancers sont généralement des maladies multifactorielles, c’est-à-dire favorisées par l’exposition à plusieurs de ces facteurs. Il arrive toutefois qu’un cancer survienne chez des personnes qui ne sont exposées à aucun de ces facteurs de risques.
On distingue deux catégories de facteurs de risques* : les facteurs de risques que l’on peut éviter (tabac, alcool, surpoids ou obésité, alimentation et nutrition, particulièrement dans le cas d’une alimentation riche en viande rouge, en sel et pauvre en fruits et légumes, manque d’activité physique, exposition au soleil, à des substances chimiques nocives ou à certains agents infectieux) et les facteurs de risques que l’on ne peut pas éviter (âge, sexe, prédisposition génétique, notamment).
Les signes ou symptômes qui peuvent alerter
Au fur et à mesure que le cancer se développe, des signes et symptômes peuvent apparaître. Ils sont aussi variés que les types de cancers sont divers :
- Une douleur persistante et régulière (céphalées, douleurs lors de la déglutition, etc.).
- Un changement ou une manifestation physique : gonflement inhabituel des ganglions lymphatiques, changement morphologique des seins, perte de poids et d’appétit inexpliquée, évolution d’un grain de beauté (taille, couleur, forme, suintement, saignement), grande fatigue (asthénie), transpiration nocturne abondante et insomnies.
- Une modification du transit intestinal :brûlures d’estomac et reflux persistants ou réguliers, constipation, diarrhée, ballonnements continus.
- Une difficulté à uriner : mictions fréquentes, difficiles ou douloureuses.
- Une présence de sang dans les urines ou dans les selles, des saignements vaginaux ou anaux.
- Une difficulté respiratoire (toux, essoufflement) ou une difficulté à déglutir.
- Une plaie ou un ulcère qui ne guérit pas.
Comment se faire dépister ?
Le dépistage et la détection d’un cancer à une phase précoce de son développement augmentent considérablement les chances de guérison et permettent de limiter les séquelles liées à certains traitements. En France, des programmes nationaux ont été mis en place pour le dépistage du cancer colorectal, du cancer du sein et du cancer du col de l’utérus. Pour plus d’information et vous accompagner dans le dépistage de la maladie, le site « Je fais mon dépistage » est précieux.
Le dépistage des autres cancers repose sur l’initiative de votre médecin, la vôtre ou votre vigilance quant aux signes et symptômes inhabituels.
Les types de cancers les plus courants
Il existe trois types de cancers qui sont déterminés en fonction de la nature du tissu dans lequel se développent les cellules cancéreuses :
- Les carcinomes apparaissent dans un épithélium, le tissu qui recouvre les surfaces internes de l’organisme (organes, glandes) ou externes (épiderme, muqueuses, par exemple). Ils comprennent notamment les adénocarcinomes qui se développent à partir des cellules d'une glande (sein, prostate, thyroïde, etc.)
- Les sarcomes se développent au niveau des tissus conjonctifs (tissus de soutien) de l’organisme comme les os (ostéosarcomes),la graisse (liposarcomes) ou les tissus enveloppant les muscles striés (rhabdomyosarcomes).
- Les cancers hématologiques (cancers du sang) se développent à partir des cellules du sang et débutent généralement dans les tissus hématopoïétiques (qui produisent les cellules sanguines) comme la moelle osseuse ou dans organes lymphoïdes où se trouvent les lymphocytes et les autres cellules du système immunitaire (thymus, ganglions lymphatiques, rate, amygdales, etc.).
Les cancers peuvent ainsi atteindre différentes parties de l’organisme.
Le cancer du sein
On distingue deux types de cancers du sein : le carcinome canalaire qui se développe à partir des cellules des canaux galactophores collectant le lait et le carcinome lobulaire, moins fréquent, qui naît dans les lobules produisant le lait.
Plus de deux tiers des cancers du sein surviennent après 50ans. Rare chez l’homme, il s’agit du cancer le plus fréquent chez la femme avec plus de 61 000 nouveaux cas par an en France, soit un tiers des cancers féminins. Il est aussi la première cause de décès par cancer chez la femme. Dépisté tôt, il guérit dans 9 cas sur 10.
Le cancer du poumon
Le cancer du poumon* ou cancer bronchopulmonaire est une maladie des cellules des bronches, ou plus rarement, de celles qui tapissent les alvéoles pulmonaires. Il s’agit d’un cancer fréquent (52 777 nouveaux cas estimés en 2023), le 2e le plus fréquent chez les hommes après le cancer de la prostate. Il est par ailleurs en nette progression chez la femme (+ 4,3 % par an entre 2010 et 2023). Dans 8 cas sur 10, c’est la consommation de tabac qui en est responsable.
Le cancer colorectal
Le cancer colorectal regroupe en fait deux types de cancers : le cancer du côlon* (60 % des cas) et le cancer du rectum* (40 %). La tumeur maligne se développe à partir des cellules de la paroi interne d’une de ces deux parties du gros intestin. Il s’agit du 3e cancer le plus fréquent chez l’homme après celui de la prostate et du poumon, et du 2echez la femme après celui du sein. Le risque de cancer colorectal augmente après 50 ans. Détecté tôt, il guérit également dans 9 cas sur 10.
Le cancer de la prostate
Le cancer de la prostate est le plus fréquent chez l’homme et représentait 59 885nouveaux cas en 2018, soit un quart des cancers masculins. Dans 90 % des cas, il résulte de la transformation maligne progressive de cellules épithéliales qui constituent le revêtement de la prostate. Rare avant l’âge de 50 ans, ce cancer est à évolution lente et reste longtemps localisé(cancer intracapsulaire) avant de s’étendre ou de migrer (cancer extra-capsulaire).
Le cancer de la peau
Il existe trois types de cancers de la peau :
- Le mélanome qui se développe à partir de mélanocytes, les cellules de la couche profonde de la peau qui fabriquent la mélanine (pigment colorant l’épiderme). Dans 80 % des cas, le mélanome survient sur une peau saine. Dans 20 % des cas, il se développe à partir d’un grain de beauté. S’il ne représente que 10 % des cas de cancers de la peau, il est la forme la plus grave, mais peut être traité efficacement lorsqu’il est dépisté à un stade précoce.
- Les carcinomes basocellulaire et épidermoïde qui se développent à partir des kératinocytes, les cellules qui constituent en majorité la couche superficielle de l’épiderme. Quand le premier est localisé, le second, plus rare, dissémine des métastases. Ils représentent 90 % des cancers de la peau.
Les carcinomes sont les cancers de la peau les plus fréquents. Ils apparaissent généralement après 50 ans sur les parties du corps exposées au soleil de manière excessive et répétée. Ils peuvent également avoir une origine professionnelle et, dans ce cas, être reconnus comme maladie professionnelle.
Le cancer de l’estomac
Dans 90 % des cas, le cancer gastrique prend la forme d’un adénocarcinome se développant à partir de cellules de la couche superficielle interne de l’estomac. On parle de tumeur proximale lorsqu’elle se situe dans les deux tiers supérieurs de l’organe et de tumeur distale si elle se trouve dans le tiers inférieur.
Le cancer de l’estomac* est associé à plusieurs facteurs de risques : l’infection à la bactérie Helicobacterpylori, le tabagisme, une alimentation riche en sel et pauvre en fruits et légumes, des antécédents familiaux ou une prédisposition génétique.
Les autres types de cancers
D’autres types de tumeurs malignes « solides » existent et peuvent prendre naissance au niveau de l’endomètre (revêtement interne de la paroi du corps de l’utérus), du foie, de l’œsophage, de l’ovaire, du pancréas, du rein, de la sphère ORL (voies aérodigestives supérieures), du testicule, de la thyroïde, de la vessie ou encore du cerveau. Les cancers du sang comprennent quant à eux les leucémies et les myélomes qui atteignent la moelle osseuse, les lymphomes qui se développent dans le système lymphatique.
Les différents stades du cancer
Les cancers sont classés selon leur étendue et leur emplacement lors du diagnostic initial. Cette classification permet notamment aux médecins d’évaluer le degré d’extension de la maladie et de proposer le traitement le plus adapté.
Différents systèmes de classification peuvent être employés pour définir le stade d’un cancer, mais les médecins s’appuient le plus souvent sur la classification internationale TNM. Cette classification se fonde sur la taille de la tumeur (Tumor), l’éventuelle atteinte des ganglions lymphatiques (Node) et la présence ou non de métastases (Metastasis).
Elle distingue cinq stades :
- Stade 0 – les cellules tumorales n’ont pas encore envahi les tissus voisins, la tumeur est dite in situ.
- Stade 1 – la tumeur est unique et de petite taille et ne s’est pas encore développée au-delà de l’organe dans lequel elle a pris naissance.
- Stade 2 – la tumeur est locale, mais son volume est plus important.
- Stade 3 – la tumeur a envahi les ganglions lymphatiques ou les tissus avoisinants.
- Stade 4 – la maladie s’est propagée dans l'organisme par voie sanguine ou lymphatique sous forme de métastases.
Traiter le cancer
Le traitement qui sera effectué dépend notamment du type de cancers, de sa localisation, de la taille de la tumeur, des métastases éventuelles et de l’état de santé du patient.
La radiothérapie
Le traitement par irradiation ou radiothérapie utilise des rayonnements pour réduire une tumeur ou détruire les cellules cancéreuses en bloquant leur capacité à se multiplier. Il peut être utilisé en traitement unique ou en combinaison avec d’autres formes de traitements.
La chimiothérapie
Le traitement par chimiothérapie utilise des substances chimiques qui détruisent directement les cellules cancéreuses ou les empêchent de se multiplier. Elle est généralement utilisée pour traiter les cancers qui se sont étendus et les métastases.
La chirurgie
Il s’agit du traitement principal des tumeurs solides comme les carcinomes. La chirurgie permet d’ôter l’ensemble des cellules tumorales localisées. Il peut être associé à d’autres formes de traitement comme la chimiothérapie lorsque des cellules sont également disséminées.
L’immunothérapie
Deux types d’immunothérapie existe : la thérapie ciblée et l’immunothérapie spécifique. La première bloque la croissance ou la propagation de la tumeur. La seconde restaure le système immunitaire pour lui permettre de détruire les cellules cancéreuses.
La thérapie génique
La méthode par thérapie génique agit au cœur de la cellule pour corriger le gène qui fonctionne mal. Le principe consiste à introduire des gènes dans une cellule, soit pour remplacer les gènes endommagés par des gènes fonctionnels, soit pour lui faire fabriquer une substance destinée à détruire les cellules cancéreuses.
Les différents soins de support
Le traitement d’un cancer ne s’arrête pas au traitement de la maladie seule. Pour faire face aux conséquences de la maladie et des traitements, les soins de support qui prennent « en compte l’ensemble des besoins de la personne malade et de ses proches, au plan physique, psychologique et social» font intégralement partie du parcours de soins. Ils sont donc également prodigués après la phase active de traitement afin d’assurer aux personnes malades et aux proches la meilleure qualité de vie possible.
Les soins et soutiens complémentaires qui peuvent être proposés, sont définis par l’instruction DGOS/INCa du 23 février 2017* et comprennent :
- Des soins « socle » :
- Prise en charge de la douleur.
- Prise en charge diététique et nutritionnelle.
- Accompagnement psychologique.
- Accompagnement social, familial et professionnel.
- Des soins complémentaires :
- Aide à la pratique d’une activité physique adaptée.
- Soutien à la mise en œuvre de la préservation de la fertilité.
- Prise en charge des troubles de la sexualité.
- Conseils d’hygiène de vie (arrêt du tabac, réduction de la consommation d’alcool, etc.).
- Soutien psychologique des proches et des aidants.
Auxquels peut s’ajouter tout autre soin permettant de gérer les conséquences de la maladie et de ses traitements :
- La gestion des effets indésirables des traitements comme la fatigue, les troubles digestifs ou les problèmes de peau.
- L’aide à l’amélioration de l’image de soi.
- Les soins palliatifs.
Ces soins sont assurés par différents professionnels : nutritionniste, spécialiste de la douleur, psychologue, assistant social, etc. Ceux-ci exercent, selon les cas, au sein d’un établissement de santé (hôpital, clinique), à domicile, en consultation de ville, dans le cadre d’un réseau de santé, d’une structure de soins palliatifs ou d’une association de patients, notamment.
Cancers, l’importance de la prévention
D’après l’Institut national du Cancer, on estime que près de la moitié des nouveaux cas de cancer détectés chaque année pourrait être évitée en réduisant notre exposition aux principaux facteurs de risques, soit en agissant sur nos comportements et habitudes de vie. Manger équilibré et varié, arrêter la consommation de tabac, limiter la consommation d’alcool, bouger à tout âge en pratiquant une activité physique régulière sont donc essentiels.
Objectif autonomie : Cancer de la peau : l’importance de la prévention
Institut national du cancer : Les cancers
Institut national du cancer : Cancer du poumon : points-clés
Institut national du cancer : Cancers du côlon : les points clés
Institut national du cancer : Cancers du rectum : les points clés
Institut national du cancer : Le cancer de l'estomac : points clés
L'Assurance maladie : Les facteurs de risque des cancers et comment en prévenir certains
Légifrance : circulaire relative à l’amélioration de l’accès aux soins de support des patients atteints de cancer