Intégrée parmi les soins de support, l’activité physique adaptée (APA) maintien/stimule le potentiel physique et psychologique du patient. Objectif : diminuer les effets indésirables liés à la maladie et aux traitements et plus globalement améliorer la qualité de vie du patient. Des médecins du Centre Léon Bérard de Lyon mènent aujourd’hui l’étude STARTER pour évaluer précisément l’impact de l’APA sur l’atténuation du degré de fatigue.
Comment atténuer les séquelles liées au cancer et à son traitement ? L’Institut national du Cancer (INCa) a lancé un appel à projets au cours de l’été 2021 pour améliorer la connaissance sur cette question. La qualité de vie du patient est en effet une donnée largement prise en compte pour établir les protocoles de soins. Au Centre Léon Bérard, 3 programmes ont été retenus dans ce cadre. Entre autres : l’étude STARTER, menée par le Dr Aude Fléchon, médecin oncologue au Centre Léon Bérard(1).
« Pendant un an, nous allons suivre des hommes pris en charge pour un cancer du testicule métastatique », décrit le Dr Fléchon. Ce programme mené à l’échelle nationale(2) va nous permettre d’observer « l’impact d’un programme supervisé d’activité physique (AP) sur la diminution de la fatigue à long terme chez ces patients ».
Au total, l’étude inclura 236 patients recrutés à l’échelle nationale à travers différents centres de lutte contre le cancer. Ce travail sera initié à compter de l’automne 2022.
Avant la chimiothérapie
Ce programme sera « mis en place au début de la chimiothérapie de première ligne », complète Olivia Pérol, responsable Prévention secondaire et tertiaire (Département Prévention Cancer Environnement(3)) au Centre Léon Bérard. « Tous recevront au minimum trois cycles de chimiothérapie, d’une durée d’une semaine pour chaque cycle. » Après tirage au sort, les participants seront répartis en deux groupes :
- le premier groupe composé de volontaires bénéficiant de recommandations en APA dès leur inclusion dans l’étude, puis de séances supervisées sur une durée d’un an, des entretiens motivationnels et une montre connectée à porter pendant toute l’étude ;
- le second groupe recevra également des recommandations liées à l’activité physique adaptée, ainsi que la montre connectée. Mais ces patients ne bénéficieront ni de séances d’APA ni d’entretiens motivationnels.
Certaines séances d’APA seront proposées en présentiel, d’autres en distanciel. Pendant leur phase d’hospitalisation, les patients bénéficieront de 2 à 3 séances par semaine. Chaque séance durera entre 30 minutes et 1 heure.
« Après la chimiothérapie, ils pourront poursuivre leur séances d’APA au même rythme, notamment grâce à des partenariats que nous allons établir avec des salles de sport », décrit le Dr Fléchon. « Et le suivi pourra aller jusqu’à 10 ans pour ceux qui souhaiteraient aller plus loin, et que notre équipe puisse suivre les effets de l’APA sur le plus long terme. »
Le recueil des données se fera par auto-questionnaires diffusés sur une application et via la montre connectée qui permettra aux équipes de rapporter le nombre de pas effectués chaque jour.
L’APA, précieux levier de la qualité de vie
Pourquoi cette forme de cancer a-t-elle été choisie ? Entre autres raisons du fait du jeune âge des patients et donc de l’impact des effets indésirables des traitements dans une vie supposée active. D’autant que le cancer du testicule, « tumeur maligne la plus fréquente chez les jeunes hommes âgés de 15 à 40 ans », reste de très bon pronostic.
Dans le détail, chez ces jeunes patients, les traitements génèrent, sur les court et long termes, de nombreux symptômes que sont « la fatigue, les troubles psychologiques et plus tardivement des maladies cardiovasculaires et des seconds cancers ». Or en agissant sur le mode de vie, il est largement possible d’améliorer le confort au quotidien.
« La modification des facteurs liés au mode de vie, notamment l'activité physique permet de réduire les séquelles chez les patients atteints de cancer du testicule », confirme le Dr Fléchon. « Surtout auprès de nos patients qui présentent souvent des comorbidités comme le surpoids ou l’obésité du fait d’une certaine sédentarité et d’une alimentation déséquilibrée. En moyenne, ce sont des patients qui prennent 10 kilos pendant les traitements. »
L’étude STARTER serait donc pour certains participants un déclencheur pour pratiquer régulièrement une activité physique. Et qu’ils puissent ressentir à quel point « l’activité physique va améliorer la tolérance aux traitements et leur bien-être ».
Faites le nous savoir :
Sources
- Interview d’Aude Fléchon, médecin oncologue au Centre Léon Bérard (Lyon) et Olivia Pérol, responsable Prévention secondaire & tertiaire - Département Prévention Cancer Environnement - Unité Inserm UMR 1296 « Radiations : Défense, Santé, Environnement » au Centre Léon Bérard, le 19 avril 2022
- Centre Léon Bérard. Limiter les séquelles dues au cancer : 3 projets du CLB retenus.